• chapitre I

    Mon réveil ressemble ce matin à un naufrage. Mon oreiller dur comme le sable, le bruit des vagues dans le creux de l'oreille. Et ce vent, froid, inondant tout mon corps.
    Et puis, il a fallu ouvrir les yeux, se réveiller, essayer de se lever. Mon pyjama trempé par la pluie de la veille, par ma noyade avortée, mon échouage sur ces cotes inconnues.
    Sur quel navire ai-je pu embarquer la veille pour me retrouver aujourd'hui sur ce lit désert, sans même un palmier, sans même un soleil éclatant ? A peine un peu chaud ?
    Nulle sirène à l'horizon, aucun air mélodieux, de lyres envoûtantes, de musique douce et noble pour adoucir mes moeurs.
    Juste toi et le bruit infernal du métro.

    Ma fraise dans ce miroir, Robinson écorché et décoiffé. L'haleine fétide, le regard vitreux. Mes lendemains de fête se brisent sur le roc imperturbable de mon quotidien dérisoire.
    T'as pas racheté de pain ? Non... Je n'ai pas racheté de pain, ni de lait, ni de café, ni rien d'autre. Je n'ai pas trouvé le magasin pour changer de vie, me racheter une conduite et un nouveau sourire.
    Alors j'ai repris le gouvernail pourtant brisé de mon navire trentenaire, mon Titanic obscur qui fluctuat sans jamais mergitur, qui jamais ne naufrage mais toujours me chavire.

    Ton visage de cire, ex-baby doll devenue poupée frigide, m'accueille comme seul bonjour. Et c'est déjà beaucoup.
    Faudra racheter du pain. C'est con de déjeuner sans pain.


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