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Prends la vaisselle
Prends la plus belle
Pour mieux casser
Ma gueule ou bien mes pieds
Prends les enfants
Une fois sur deux c'est élégant
Ou comme témoins c'est bien
De notre amour crétin
Prends la poudre
Pour les jours de foudre
Pour l'escampette ou les coups
Tire-toi ou tire bien. Sur tout.
Ne prends pas surtout
Ombrage de ce texte fou
Qui te dit tout hot
Notre vie, idiote
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J'ai longtemps cru
T'avoir vu passer
C'était encore l'été
Un mirage un de plus
J'étais pourtant sûr
Mais que sait-on à 20 ans
Qui soit encore vrai longtemps
Aux jours où tout fissure
J'aurais tant voulu
Que tu sois Celle, la seule
Qui m'aime jusqu'au linceul
Mais l'amour est un roi nu
Adieu vie ratée, mirages cruels
A trop croire que le coeur ne vit pas
Que de sang j'ai brûlé mes ailes
Tristes, inutiles à l'heure du trépas
Je laisse à mes fils
Quelques larmes, un cri
Des sacrifices
Et beaucoup trop de compromis
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- comment ça tu marches ? C’est quoi ces conneries ?
- oui, je marche. Tu sais plus ce que c’est ? Le truc qu’on fait sans voiture…
- te fous pas de moi en plus ! Et ton boulot ? Ton patron ?
- ils peuvent s’en sortir sans moi, c’est pas compliqué tout de même
- non mais je rêve… tu vas te faire virer !
- et bien tant mieux, depuis le temps que ce boulot me prend la tête
- faut vraiment que tu penses à grandir, t’es complètement inconscient
- …
- je t’ordonne de rentrer tout de suite, tu m’entends ? Tu rentres !!
- clic !
La technologie moderne a cet avantage qu’elle rend tout virtuel. Les disputes se font désormais à distance, ce qui ne fait certainement pas l’affaire des marchands de vaiselle et des dentistes. Mais il faut reconnaitre le plaisir incomparable qui consiste à clouer le bec de sa partenaire d’une simple pression sur un bouton de téléphone. Evidemment, cette petite gâterie ne dure jamais bien longtemps. Car elle a les mêmes conséquences qu’un boomerang : plus le geste de départ est fort, plus le retour à l’envoyeur est violent. Je m’efforce donc, pendant de longues minutes, à ne pas tenter d’imaginer mon retour à la maison. J’oblige mes pensées à s’égarer sur les scènes anecdotiques qui ponctuent mon parcours post-métropolitain : un gamin qui essaye de convaincre sa maman de lui acheter des ballons, un vieux monsieur traversant l’avenue seulement aidé de sa canne et sous le regard dangereusement indifférent des automobilistes, les innombrables publicités collées aux murs, aux vitrines, aux façades, aux bus, aux camions, aux…
La sonnerie du téléphone. Inutile de consulter l’écran pour savoir qui m’appelle. Encore une pollution, une de plus, dans cette journée déjà trop longue que je rêve pourtant si pure. Et puisque la Seine est déjà polluée, personne ne m’en voudra de faire voler au-dessus des eaux mon petit bijou numérique qui ne me rattache que trop à cette existence que j’ai décidé, au moins pour aujourd’hui, de fuir.
Finalement, c’est ce genre de geste insensé qui vous en apprend beaucoup sur la nature et sur ce qui l’entoure. Combien de gens savent si un téléphone portable flotte ou coule lorsqu’il tombe dans l’eau ? Avant de balancer le mien dans cette Seine dégueulasse, je n’en avais pas la moindre idée. Maintenant je sais, et je m’aperçois soudain que c’est la première bonne nouvelle de ma journée, mon premier sourire.
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Assassinée par une coccinelle, son corps gisait dans l'herbe depuis plusieurs jours. Les yeux encore ouverts, comme surprise par la mort absurde qui l'avait ainsi frappée, elle ne sentait plus les rayons de ce soleil secouriste qui tentait de la réanimer. La communauté entière des tiges d'herbe s'était rassemblée pour un dernier hommage, constituant par là-même un linceul végétal qui se mariait somptueusement avec le blond cendré de ses cheveux. Sans doute, elle aurait aimé le silence que faisait la nature à sa dépouille. Sans doute aurait-elle aussi aimé le serment des pucerons, jurant comme un seul insecte, de venger la mort de la belle en retrouvant la perfide coccinelle. Mais au royaume des hommes, chacun sait bien que ce sont les coccinelles qui mangent les pucerons et pas l'inverse. Et que la nature, avant d'être un Eden est avant tout une jungle. Ou parfois viennent se perdre de jolies jeunes filles. En fleurs.
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le moteur de la vie, c'est le désert. Le sable et le soleil. La solitude et les grains de sable. La chaleur qui tape sur la tête. Marcher, toujours marcher, regarder devant soi et ne jamais rien voir. Marcher sans s'arrêter, marcher sans vraiment savoir pourquoi. Mais marcher parce que tout le monde fait ainsi, qu'on a appris tout petit à ne pas se noyer dans les dunes, à ne jamais regarder le soleil dans les yeux. A quoi bon autant de lumière pour ne jamais rien voir ? A quoi bon avancer si on ne sait pas où aller ? Peut-être un espoir, infime ? Celui de trouver une oasis, un havre de paix, un espace où se détendre et se reposer, se soulager. Un peu d'ombre et de fraicheur. Mais tous les oasis sont des mirages. Le désert ne fait pas de cadeau. Comment croire que l'amour vient au coeur de la haine ?
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